mercredi 7 mars 2012

« Soirée Mémorial »


Le  souper du dimanche 16 octobre 2011 restera pour la communauté du Théologat Joseph Allamano une « soirée mémorial ». Cette communauté s’était rassemblée pour faire des gestes de remerciement et d’au revoir à son Recteur sortant et le  nouveau Supérieur Majeur des Missionnaires de la Consolata en RDC, le Père Symphorien FUMWASENDJI Kapumba, imc.

Ordonné prêtre des Missionnaires de la Consolata en 1999, le Père a été affecté dans la Région de la Tanzanie pour sa première mission. Il y a œuvré d’abord pendant trois mois dans la paroisse de Heka, après qu’il soit transféré au Séminaire Philosophique comme Vice-recteur(Econome) du Philosophât et Directeur de la Propédeutique.   En octobre 2004, le Père est nommé formateur au Théologat Joseph Allamano, Ma Campagne-Kinshasa-RDC. Un  an plus tard (en septembre 2005), le Père a été nommé Recteur du Théologat Joseph Allamano, pour remplacer le Recteur d’alors, le Père Tolfo. Parmi tant d’autres responsabilités dans la Région, dont celle d’être Conseiller Régional, le Père Sympho (comme on l’appelait souvent), a joué ce rôle du Recteur jusqu’à ce qu’il fût délégué pour représenter la Région de la RDC  au XIIe Chapitre Général des Missionnaires de la Consolata à Rome. De son retour du Chapitre, ce Capitulaire a été élu Supérieur Régional des Missionnaires de la Consolata en RDC.

Pendant tout le moment que le Père Sympho était Recteur du Théologat Joseph Allamano, on l’appelait tantôt « le Papa », tantôt « Papa Kulutu) ». D’où l’expression « N’est pas papa qui veut », cela pour dire que « la tâche d’être Recteur n’est pas facile. Seules l’appellation et la bonne volonté ne suffisent pas ! Il faut beaucoup d’autres qualités dont celles d’humilité, d’objectivité et de maturité ». Lors de la célébration de cette « soirée mémorial », la communauté a reconnu beaucoup de bonnes qualités de leadership chez le Père Symphorien,  dont celles d’humilité, d’objectivité, de maturité, de patience, de bonne humeur, d’être « lent à la colère », et nous en passons.

Certes, ces qualités se montraient dans la manière dont le « Papa » gérait la communauté, et surtout pendant des moments difficiles. Dans des moments pareils, le Recteur sortant savait comment maîtriser la communauté et la mettre à l’aise. Le nouveau Supérieur Majeur est doué aussi d’un don d’écoute. Cela l’aide à créer des relations personnelles avec chaque membre de la communauté. L’écoute occupe en lui une place spéciale. Cela se montrait pendant presque tous les moments de formation : rencontres communautaires, dialogues personnels, homélies, formations promotionnelles, et nous en passons, où le mot « écoute » ou le verbe « écouter » ne manquait guère. D’après lui, « écouter » c’est plus profond que le « ouï » ou le fait de prêter l’oreille à quelqu’un : « on écoute afin  de… ». Cela nous renvoie à la disposition du cœur, à l’assimilation du message avec amour, à mettre en valeur celui qui nous parle, à une écoute active.

En reconnaissant comment le Père avait marqué le Théologat pendant ces dernières sept ans, et alors qu’il était choisi pour exercer cette responsabilité de paternité au niveau de la région, un sentiment de fierté traversait l’esprit de chacun : « La Région de la RDC serait le Théologat Joseph Allamano élargi ».

La communauté a souhaité au « Nouveau Papa  Régional » bonne chance à la nouvelle responsabilité, en lui promettant sa prière et tout autre soutien possible. De sa part, le Père était très reconnaissant de ce geste d’amour, en avouant son sens d’appartenance à cette communauté, bien qu’il ait changé de responsabilité. Il a montré ce sens d’appartenance et cet amour de notre communauté dans la manière dont, bien qu’il ait assumé une nouvelle responsabilité, il s’est donné sang  et eau  pour assurer que la communauté a le Projet Communautaire de Vie.

Ces jours-ci, le Théologat Joseph Allamano est en train de connaître une transition au niveau de ses responsables, car ce n’est pas que le Recteur qui s’en est allé. Le Père Ramon LAZARO Esnaola, qui est le Vice-recteur, formateur et économe de la maison s’en va également. Ce Père, qui a toujours fait une bonne équipe formative avec le Père Symphorien pendant tout le moment qu’il était au Théologat, a été affecté en Côte-D’ivoire.

 Mais la communauté serait-elle laissée comme une orpheline ? Le Père Symphorien a été remplacé par le Père Samuel GITONGA Mathenge, qui était Vice-recteur au Théologat de Bravetta. Le nouveau Recteur est l’un des premiers fruits du Père Symphorien comme formateur au Théologat Joseph Allamano. Enfin, pour occuper la place du Père Ramon, le Père Osorio AFONSO Citora a été destiné au Théologat Joseph Allamano.

Vive Théologat Joseph Allamano, vive la Région de la RDC, vive l’IMC !

« John Kioko Mwana’a Mwania, Théologat Joseph Allamano, Ma Campagne, Kinshasa-RDC »

REPENSER LA MISSION DU CHRIST AUJOURD’HUI : UNE RELECTURE ACTUELLE DE LA PROVIDENCE

                                   « REFLEXION THEOLOGIQUE »
En Lc 9, 1-5, Jésus envoie en mission les Douze Apôtres, et leur donne des attitudes qu’ils doivent adopter comme de bons et d’effectifs missionnaires: « Ayant convoqué les Douze, il leur donna puissance et pouvoir sur tous les démons, et sur les malades pour les guérir. Et il les envoya proclamer le Royaume de Dieu et faire des guérisons. Il leur dit : « Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni besace, ni pain, ni argent ; n’ayez pas non plus chacun deux tuniques… ».

Ce pouvoir qu’a conféré Jésus à ses apôtres se vérifie dans la mission de ceux-ci, surtout dans les Actes des Apôtres. En Ac 3, 1-10, nous en trouvons une confirmation : « Mais Pierre dit : « De l’argent et de l’or, je n’en ai pas, mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazôréen, lève-toi et marche ! Et le saisissant par main droite, il le releva…et la voilà qui marchait… ».

Ces deux lectures, dont la dernière actualise et confirme la première, servent de clé de lecture de la promesse qu’a donnée Jésus à ses Apôtres après leur envoie en mission  « …Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin de l’âge » (Mt 28,20). Nous voyons là-dessus à la fois une promesse et une actualisation de la présence de Jésus dans tous les âges de l’Eglise : une promesse et une actualisation dont on ne peut point douter la vérité.

N’est-ce pas là une « Providence missionnaire », c’est-à-dire le fait que Jésus est toujours présent et agit à travers ses envoyés ? Mais doit-ton s’y arrêter, ou peut-on aller plus loin en vue de faire une relecture qui apporterait des réponses aux nouveaux paradigmes missionnaires à cette question?

L’Apôtre Paul, l’un de premiers bénéficiaires de cette providence, dit aux Thessaloniciens : « Car vous savez bien comment il faut nous imiter. Nous n’avons pas eu une vie désordonnée parmi vous, nous ne nous sommes fait donner par personne le pain que nous mangions, mais de nuit comme de jour nous étions au travail, dans le labeur et la fatigue, pour n’être à la charge d’aucun de vous non pas que nous n’en ayons le pouvoir, mais nous entendions vous proposer en nous un modèle à imiter…nous vous donnions cette règle : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Or nous entendons dire qu’il en est parmi vous qui mènent une vie désordonnée, ne travaillant pas du tout…Ceux-là, nous les invitons et engageons dans le Seigneur Jésus-Christ à travailler dans le calme et à manger le pain qu’ils auront eux-mêmes gagné »(2Cor 3, 7-12). L’auteur des Actes des Apôtres nous en parle ensuite : « Après cela, Paul s’éloigna d’Athènes et gagna Corinthe. Il y trouva un Juif nommé Aquilas,… avec Priscilla, sa femme…Il se lia avec eux, et comme ils étaient du même métier, il demeura chez eux et y travailla. Ils étaient de leur état fabricants de tentes » (Ac 18, 1-3).

Nous voyons Saint Paul travailler pour gagner son pain quotidien, bien qu’il possède ce pouvoir et cette puissance donnés par le Christ ressuscité, et il invite les autres à se servir de lui de modèle. Alors, peut-on oser dire qu’en travaillant, Paul contredisait le pouvoir et la puissance que lui avait été donnés par le Christ ? Non ! Il le confirmait plutôt !

Après sa résurrection, Jésus envoie les Apôtres en mission en leur disant « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc…Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 18-20).  C’est ce même pouvoir et cette même puissance que Jésus donne aujourd’hui à ses envoyés, qui sont les missionnaires et les évangélisateurs de la Bonne Nouvelle. Jésus refuse tout attachement aux richesses  à ses envoyés (l’agir pour l’intérêt personnel). En revanche, il leur donne tout : le détachement (la puissance et le pouvoir d’agir pour l’intérêt communautaire). Jésus leur donne le pouvoir d’agir et de transformer ou bien d’améliorer la vie de ceux qu’ils vont évangéliser. Cet agir est multiple, selon les besoins de la mission : prêcher, chasser les esprits impurs (les démons), guérir…c’est-à-dire, un agir englobant : soit physique, soit spirituel, soit intellectuel, soit moral et nous en passons. C’est pourquoi, selon les besoins et les réalités qu’il rencontre à Antioche, Paul se met à travailler, en intégrant pour autant ce travail avec les autres domaines de sa mission, dont la proclamation directe de la Bonne Nouvelle. Cela ne nous dit-il rien par rapport à la mission de l’Eglise aujourd’hui ? Il semble bien que si ! Cela nous amène à nous poser cette question : « la providence, qu’est-ce à dire ? » Voyons-le de près.

Dès sa fondation, l’Eglise jouit toujours de la providence divine : Elle a l’expérience d’un Jésus qui agit chez ses envoyés, et qui suscite chez les gens la bienveillance pour soutenir, par dons, la mission. C’est le cas de la première communauté chrétienne (Ac 4, 32 – 5,11), et de la Patrimoine de Saint Pierre à Rome.

Une relecture critique et réaliste de la mission aujourd’hui nous amène à constater qu’aujourd’hui, les dons dont jouissait l’Eglise deviennent de plus en plus  légères, et surtout chez les Eglises naissantes du Tiers-Monde. Peut-on alors dire que Jésus n’agit plus en faveur de ses envoyés ? Pas question ! Jésus est toujours présent dans son Eglise, comme il l’a promis. Ce n’est qu’un déplacement du paradigme ou un tournant de la réalité missionnaire, qui veut nous interpeller à une relecture de la Providence. C’est un signe des temps : L’époque  où l’on attendait tout d’ailleurs est vraiment dépassée et épuisée. Dorénavant, chacun doit se mettre au travail. Chacun doit mettre ses talents et ses dons au service de sa communauté.

Cette invitation de la réalité missionnaire actuelle n’est pas véritablement une nouveauté ; car, nous l’avons vu, dès la fondation de l’Eglise, les missionnaires travaillaient et  mangeaient de leur sueur (c’est le cas de Saint Paul). Il parait qu’avec les dons qui venaient surtout de l’Europe, cette dimension de travail en vue de gagner son pain a été un peu négligée chez les annonciateurs de l’Evangile, tout en insistant inconsciemment, au niveau matériel, sur la réception des dons  comme le seul type de  providence. Aujourd’hui, nous en sentons les effets. Cela nous rappelle que travailler est aussi une forme de providence. Heureusement, la partie spirituelle de la providence, (la présence de Jésus dans son Eglise), a été bien retenue.

Dans les Eglises locales (surtout dans les Eglises naissantes), ainsi que dans les instituts et les congrégations religieuses et missionnaires, l’autofinancement ou l’autosuffisance est devenu aujourd’hui un problème majeur. Selon  le Décret Ad Gentes (Vatican II), le Synode africain, ainsi qu’« Eclessia in Africa » (Jean-Paul II) : « Il est nécessaire que toute communauté chrétienne soit en mesure de pourvoir par elle-même, autant que possible, à ses propres biens. L’évangélisation requiert donc, outre les moyens humains, des moyens matériels et financiers substantiels…il est donc urgent que les Eglises particulières… se fixent  pour objectif d’arriver au plus tôt à pourvoir elles-mêmes à leurs besoins et à assurer leur autofinancement… » (« Ecclessia in Africa » n° 104 ; Cf. Vat II, Ad gentes, n° 15 ; Cf. Maurice Cheza (éd), « Le Synode africain », p. 340-341).

C’est le moment opportun de promouvoir et de mettre l’accent sur la Théologie du Travail, autant dans les Eglises locales que dans les congrégations missionnaires ou les instituts de la vie consacrée, en vue d’y faciliter l’autofinancement. La formation théologique de base et de cycle doctrinal ne suffit point ! Il faut autant d’autres orientations supplémentaires. Les Eglises locales ainsi que les congrégations missionnaires ou les instituts de la vie consacrée doivent se donner à former leurs membres : pour qu’un prêtre (par exemple un curée d’une paroisse) célèbre  des sacrements le matin, et aille gagner son pain quotidien le soir ;  qu’un religieux ou une religieuse fasse l’apostolat le matin, et s’engage l’après-midi dans sa profession pour l’autofinancement de sa communauté, à l’instar de Saint Paul. L’envoyé de Jésus sera formé dans telle façon qu’il arrive à équilibrer les deux faits: s’occuper des âmes : évangélisation ou mission  directe ;  et travailler : évangélisation ou mission (directe ou indirecte).

Aux termes, nous pouvons appeler cette Théologie du Travail « une providence à la réponse aux exigences actuelles de la mission. C’est une providence véritable, car c’est Dieu qui nous donne « ce pouvoir et cette puissance » (Mt 28, 18-20), sous une forme à la fois spirituelle (évangéliser, guérir, chasser les esprits impurs…), et physique (des dons, des talents, des capacités… (Cf. la parabole des talents : Mt 25, 14-30). Alors, nous devons en faire bon usage pour le bien de la mission. Il s’agit seulement d’ouvrir nos yeux pour voir cette providence, et d’avoir l’esprit d’en oser. Nous en sommes sûrs que les Eglises locales ainsi que les congrégations missionnaires ou les instituts de la vie consacrée qui s’engagent dans cette perspective en ont déjà vu les fruits : la Providence !

Un dicton en notre langue maternelle (Kikamba) dit ceci : « Ngai atetheeasya ula witetheesye » (Dieu aide celui qui s’aide). De sa bonté, Dieu nous pourvoit tout, mais il veut que nous aussi nous y participions. Voilà la providence !

John Kioko Mwana’a Mwania,imc, Théologat Joseph Allamano, Kinshasa-RDC.

VOCATION ET ORIENTATION DE VIE


Dieu a un projet pour nous avant même le commencement du monde (Eph 1, 3-6). Il nous crée et nous appelle d’abord à être, à vivre : « Je suis venu afin que vous ayez la vie et la vie en abondance » (Jn 10 : 10 ). Ensuit, il  nous  propose son projet ou son dessin dans notre vie et attend patiemment notre réponse. Chacun de nous a donc une vocation, et notre devoir c’est celui de la chercher  afin de la découvrir.

Le mot « vocation » vient du mot latin « vocare » qui veut dire « appeler »…« appeler à  faire ou à accomplir quelque chose ». La vocation est alors un appel par Dieu pour accomplir ce dont il nous a créés,…pour accomplir sa mission d’une manière spécifique. Chaque personne humaine a une vocation, car elle a été créée pour un but, un objectif, un projet, une mission.

Chaque vocation est un don gratuit de Dieu. Dieu nous appelle librement de sa liberté et il nous dévoile son mystère, son amour : «Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur reste dans l’ignorance de ce que fait son maître ; je vous appelle amis, parce que tout ce que j’ai entendu auprès de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est Moi qui vous ai choisis et institués pour que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure» (Jn 15 :15-17).  Nous avons beaucoup d’exemples de gens dans la Bible qui ont été appelés par Dieu pour une mission spécifique : Jésus est appelé par Dieu le Père sauver le monde (Lc 4, 16-20) ; La Vierge Marie est appelée à être la Mère de Jésus (Lc 1, 26-56) ; Les Apôtres sont appelés à suivre Jésus (Mt 4, 18-22) ; Saint Paul est appelé à accepter Jésus et à le proclamer aux nations (Ac 9, 1-10) ;  Moïse est appelé à délivrer Israël de l’esclavage en Egypte (Ex 3, 10-12 ; 4,1. 10-12) ; Esther est appelée à risquer sa vie pour sauver son peuple(Es 7, 1-10), etc. Notons aussi d’autres saints dans la vie de l’Eglise qui ont été appelés : Saint François d’Assis (appelé à servir les pauvres) ; Sainte  Thérèse de l’enfant Jésus (appelée à nous montrer la sainteté dans la simplicité) ; Saint François Xavier (appelé à évangéliser l’Orient), etc.

Les saints, les prophètes, les apôtres..., ont été appelés par Dieu à leur époque et dans leur façon. Aujourd’hui, ce n’est plus eux, c’est plutôt nous ! Dieu appelle encore à sa moisson. Il nous appelle à notre époque et dans notre façon. Dieu n’appelle pas dans la même façon. Il ne faut pas s’attendre un appelle comme celui de Saint Paul, ni de Samuel, ni de Jérémie.

Aujourd’hui, Dieu nous parle  de notre intérieure et agit en nous tout au long de notre vie, à travers les évènements de notre histoire, à travers les peuples que nous rencontrons...Dieu nous parle gentiment, poliment et silencieusement. Il ne fait pas de bruits. Nous devons alors nous ouvrir et écouter son appel dans le silence, dans la prière.

TYPES DE VOCATIONS

Il y trois types majeurs de vocations : Mariage, Vie Consacrée et Vie Célibataire.

MARIAGE

Le mariage est un sacrement, un signe externe de l’amour que les couples ont pour Dieu et pour eux-mêmes. Un homme et une femme choisissent librement de passer toutes leurs vies ensemble, acceptant avec amour et responsabilité les enfants que Dieu choisit de leur donner. En élevant une famille vraiment chrétienne, en témoignant de leur amour et de leur  confiance les uns pour les autres, les mariés honorent et glorifient Dieu. Le mari et la femme exercent leurs autorité et responsabilité ensemble. Un couple heureux résulte d’un amour  profond entre lui et Dieu. Si les mariés font de Dieu leur tiers membre (parti) de leur mariage, ils sentiront son aide et sa grâce parmi eux, et surtout pendant des moments difficiles. La stabilité et le succès du mariage dépendent du degré par lequel les époux se donnent et se sacrifient l’un pour l’autre.

VIE CONSACREE

La vie consacrée comprend des prêtres, des sœurs et des frères. Ceux qui sont dans la vie consacrée ont un amour pour Dieu et pour les autres, un amour qui nait d’un cœur non partagé, leur permettant d’aimer tout le monde sans limite, à l’instar du Christ-même.

Le sacerdoce

Les prêtres partage la mission de Jésus d’apporter le salut de Dieu au peuple. Ils le font  en annonçant  de la Parole de Dieu, en célébrant les sacrements (et spécialement l’Eucharistie et la confession) et en guidant la communauté chrétienne dans son cheminement vers Dieu.

Dans le sacerdoce, on trouve : les prêtres diocésains et les prêtres religieux.

Les prêtres diocésains appartiennent à un diocèse spécifique et ils promettent le célibat et  l’obéissance à leur évêque.

Les prêtres religieux appartiennent à un ordre religieux, à une congrégation ou à un institut, auxquels ils sont engagés par les trois vœux d’obéissance, chasteté et pauvreté. Ils sont sous  l’autorité de l’évêque du lieu seulement en ce qui est lié à l’exercice de leur sacerdoce, mais pour le reste, ils sont sous la responsabilité de leurs supérieurs, aussi comme  les sœurs et les frères.

LA VIE RELIGIEUSE

La vie religieuse est une façon de suivre le Christ en imitant sa vie de pauvreté, Chasteté et obéissance. La vie religieuse est ouverte à tout le monde, aux hommes comme aux femmes, et elle est caractérisée par les trois vœux (conseils évangéliques) et la vie en communauté. Les femmes religieuses sont appelées Sœurs. Les hommes religieux sont appelés Frères ou Pères (si ce sont des prêtres ordonnés).

Les religieux professent les trois vœux : Pauvreté, Chasteté et Obéissance. Par le vœu de pauvreté, ils offrent à Dieu tout ce qu’ils ont et tout ce qu’ils sont, prêts  à partager avec les autres, et à être partagés par les autres. Par le vœu de Chasteté, ils prennent Dieu comme  Centre de leur vie et ils sont appelés à aimer les autres profondément, mais cela d’une manière désintéressée. Par l’obéissance, les religieux promettent d’écouter et de suivre la volonté de Dieu dans leurs vies et d’être ouverts et disponibles afin d’être envoyés selon les exigences de la mission.

Ceux qui sont appelés à la vie religieuse sont aussi engagés à vivre une vie pleinement communautaire, où chaque membre a l’opportunité de partager ses joies, ses douleurs, ses échecs ainsi que ses succès, ayant le soutien des autres appelés à la même vocation.

Il y a beaucoup de congrégations religieuses dans l’Eglise aujourd’hui, mais on peut les classer en quatre groupes : les congrégations diocésaines locales, les congrégations internationales, les congrégations contemplatives et  les congrégations missionnaires.

Les congrégations diocésaines locales sont fondées pour un service spécial dans leur diocèse. Elles sont sous la direction de l’évêque du lieu quoiqu’elles aient leurs supérieurs propres et leurs règles (constitutions).

Les congrégations internationales sont fondées dans un diocèse particulier d’un autre pays, mais elles vont dans un autre pays par eux-mêmes ou par la demande de l’évêque du lieu pour partager leur service et leur charisme avec l’Eglise locale et avec ceux qui se sentiraient appelés dans la même façon. Normalement, ceux qui entrent dans telles congrégations restent et travaillent parmi le peuple du pays de mission en question.

Les congrégations contemplatives ont un appel et un service très spéciaux à offrir à l’Eglise par leur vie de prière constante et de sacrifice. Les personnes appelées à ce type de vie doivent avoir un fort désire de prière, d’une vie isolée et de sacrifice.

Les congrégations missionnaires sont fondées avec un charisme très spécifique : d’aller dans le monde entier  proclamer la Bonne Nouvelle et en rendant témoignage à l’amour  et à la miséricorde de Dieu, plus spécialement aux nécessiteux, les négligés et les oppressés, pour que le Royaume de Dieu pénètre dans toutes les cultures. Ceux qui sont appelés à ce style de vie doivent avoir une forte et joyeuse personnalité d’être en mesure de faire face aux multiples difficultés et défis qu’un missionnaire doit rencontrer, affronter et  surmonter dans d’autres pays autres que le sien.

LES INSTITUTS SECULIERS

Les instituts séculiers sont une forme nouvelle de la vie religieuse. Ils  s’agissent des personnes qui professent les trois vœux, mais en privée, et continuent à mener leur vie dans leur environnement normal. Ils imitent le Christ dans leurs professions et dans leur vie quotidienne. Ils sont organisés et suivent des règles communes, mais ils ne vivent ni dans les communautés  ni dans les résidences religieuses traditionnelles. Ils ne portent ni habit religieux ni uniforme.

LA VIE CELIBATAIRE

La vie célibataire est une forme de vocation. La personne appelée trouve la paix et la joie en restant célibataire. Elle peut être avec les gens dans une manière spéciale, menant une vie consistant à se donner spontanément à soi-même. En vivant bien cette vie, le ou la célibataire grandit spirituellement, car la vie célibataire offre du temps, de l’espace et de l’énergie pour nourrir une forte relation avec Dieu. Cette vie de solitude, ce sentiment d’être confortablement un(e), peut aider quelqu’un à découvrir la volonté ou le projet de Dieu dans sa vie.  Cette solitude (qui fait partie de la vie célibataire) peut également rappeler quelqu’un de son incomplétude sans Dieu.

Comme toute autre vocation, la vie célibataire aussi exige un discernement ainsi qu’une direction spirituelle.  





DECOUVRIR SA VOCATION, POURQUOI FAIRE ?

Un vrai appel à telle ou telle vocation suit le processus naturel de chaque développement ou épanouissement humain. C’est un long processus ou cheminement qui prend du temps pour le découvrir et pour l’accomplir.  

Les points-ci après peuvent servir d’aide-mémoire pour découvrir sa vocation :

        Etre conscient(e) de ses inclinations naturelles et désires, car on est attiré à ce dont on a été créé) ;

        Se renseigner de différentes vocations en lisant des livres ou des revues sur la vocation, en partageant avec ceux qui vivent joyeusement ces vocations, et en participant aux séminaires, aux retraites et formations vocationnels ;

        Se connaître autant que possible pour découvrir   ses dons, talents, capacités en vue de s’évaluer (si on peut appartenir à telle ou telle vocation) ;

        Demander des conseils et des informations auprès des personnes compétentes ;

        Prier, car la vocation est un appel de Dieu, et c’est Lui seul qui connaît le pourquoi de notre présence sur terre.

Créé à l’image de Dieu, l’homme a la capacité de projeter son avenir, d’avoir une vision de sa vie, de planifier  ou d’orienter son avenir. Or, on ne peut pas orienter sa vie avant qu’on ne connaisse ce qu’on veut ou qu’on peut faire ! Moins encore quand on ne connaît pas encore ce qu’on aimerait devenir ! Ce n’est qu’après avoir identifié sa mission (vocation) qu’on peut penser de s’orienter dans telle ou telle profession.

La vocation (notre mission) englobe toute la vie humaine, et à partir d’elle, naissent différentes orientations de vie (professions). Les deux (la vocation et la profession) ne doivent pas être confondues. L’une (la vocation) est plus étendue et englobe l’autre (la profession). Or, au niveau pratique on ne doit pas les séparer, l’une doit refléter l’autre. D’ailleurs,  une profession bien faite (avec amour et service) devient comme une autre vocation affirmant la première. On a trois vocations majeures : Mariage, vie consacrée et vie célibataire. Chacune de ces trois vocations exige des  responsabilités et un style de vie différents selon sa nature. C’est en considérant la nature de sa vocation qu’on s’oriente. Par exemple, tout en assumant les responsabilités et les devoirs qu’exige le mariage, un parent  peut se spécialisé en médicine ; tout comme un frère, une sœur ou un prêtre, tout en gardant son identité vocationnelle (tout ce qui est propre à sa vocation) peut aussi se former comme professeur. Cette formation  professionnelle est une orientation de vie, en vue de répondre aux besoins soit économiques soit moraux soit sociaux  de celui qui a  déjà identifié sa vocation. Pour bien s’orienter il faut bien connaître sa vocation. Bref, nous devons avoir une vision de l’avenir de notre vie : connaitre ce que nous voulons et que nous pouvons faire et ce que nous aimerions  devenir. Il ne faut pas vivre indifféremment.

L’AMOUR  de Dieu et le SERVICE aux hommes sont les deux caractéristiques fondamentales de chaque vocation. Chaque vocation est un appel à aimer et à servir les autres. Elle exige alors le sacrifice personnel et la disponibilité. Lorsque Dieu nous appelle, nous pouvons nous sentir incapables et indignes au regard de cette vocation à laquelle nous sommes appelés. Nous voyons par exemple le cas du Prophète Jérémie qui dit à Dieu qu’il est très jeune ; ou encore le cas de Moïse qui dit à Dieu qu’il ne sait pas parler. Mais ce sentiment de faiblesse ou de peur ne devrait pas nous empêcher de répondre positivement à l’appel de Dieu, car la mission n’est pas  l’affaire de l’homme, elle appartient à Dieu, qui nous y appelle. Lorsque Dieu nous appelle et nous confie une mission (une vocation), il ne nous laisse pas seuls, il nous accompagne, en  nous accordant aussi la grâce dont nous avons besoin pour l’accomplir.

John Kioko Mwana’a Mwania, IMC.

« ASUMA-USUMA FÊTENT LEURS CINQUANTE BOUGIES »


« Sequela Christi » ! Voilà le message de fond qui dominait la célébration eucharistique lors de la fête de la Présentation de notre Seigneur au temple, le 2 février 2012 à la Cathédrale Notre Dame du Congo, Kinshasa, République Démocratique du Congo.

Cette fête s’est avérée très prégnante, car outre la Présentation du Seigneur, l’Église de Kinshasa célébrait le 4ème anniversaire de la prise de possession canonique du siège métropolitain par son Pasteur, Son Éminence le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, tout en rendant grâce au Seigneur  pour le don de deux nouveaux nommés évêques auxiliaires de Kinshasa : le P. Timothée Bodika Mansiyai et le P. Sébastien Muyengo Mulombe. L’abbé Timothée Bodika Mansiyai, sulpicien, 50 ans, était depuis 2007 recteur du séminaire de Kinshasa et conseiller général de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice. Ordonné prêtre le 1er août 1990 pour le diocèse de Kinshasa, il est sulpicien depuis 1993. Formé à Lyon (France) en 1992-1993, il a été à l’origine, en l’an 2000, du projet culturel et spirituel pour la paix en RDC (« Cri du Congo »). De 2001 à 2007, il a séjourné en France comme formateur au séminaire de Toulouse, où il a obtenu, à l’Institut catholique, un doctorat en théologie morale. Originaire de Bukavu (est), l’abbé Sébastien Muyengo Mulombe, 53 ans, a été ordonné prêtre le 1er août 1986 pour l’archidiocèse de Kinshasa. Après un doctorat en théologie morale à l’Institut catholique de Toulouse (France) obtenu en 1995, il a dirigé à Kinshasa le centre pastoral Lindonge jusqu’en 2000, puis le séminaire Jean-XXIII jusqu’en 2008. Il fut à cette époque vice-président du comité national de bioéthique de la RDC. De 2004 à 2007, il a été curé de la paroisse Saint-Léopold et professeur à la faculté de théologie de Kinshasa. Il a exécré cette dernière tâche jusqu’à sa nomination. Ce n’est pas tout!

En RDC comme ailleurs, on a célébré ladite fête avec une joie soutenue, étant aussi la fête de tous les consacrés et toutes les consacrées. Mais loin de tout dire !

Le summum de cette célébration était une action de grâce de l’ASUMA (Assemblée des Supérieurs Majeurs) et de l’USUMA (Union des Supérieures Majeures), qui célébraient leur jubilé d’or – un demi-siècle, un cinquantenaire de consécration, de présence et de témoignage de l’amour de Jésus-Christ chez le peuple congolais.

La célébration eucharistique a été présidée par son Excellence le Cardinal Lorent Monsengwo Pasinya, Archevêque de Kinshasa. Ont concélébré : les trois évêques (S.E. Mgr Adolfo Tito Yllana - le Nonce Apostolique en RDC,  S.E. Mgr Cyprien Mbuka - Évêque de Boma et S.E. Mgr Édouard Kisonga Ndinga, Évêque auxiliaire de Kinshasa) ; les Supérieurs Majeurs, le Secrétaire Général de la CENCO, des Recteurs et des Formateurs de maisons de formation ; des Recteurs et des Professeurs de différentes universités, des Curés de différentes paroisses ainsi que d’autres prêtres religieux et des abbés. Ont participé à cette messe : des religieux, des religieuses ainsi que des laïcs, sans oublier les distingués invités.

Comme mentionné plus haut, l’homélie ainsi que le discours de clôture exhortaient, à l’instar du Seigneur qui s’est consacré à son Père, tous les chrétiens en général, et surtout les jeunes à resplendir dans la lumière du Christ. Et d’une manière spéciale, ce message était adressé à tous les consacrés et toutes les consacrées à suivre le Christ, qui, en faisant la volonté du son Père, s’est montré un signe de contradiction par rapport à la logique du monde. Il s’agit ici d’une identification personnelle avec le Christ à l’exemple duquel les consacrés et les consacrées seront la lumière du monde et le sel de la terre, tout en étant des témoins et des prédicateurs de justice, de paix et de réconciliation. Cela était symbolisé surtout pendant la procession d’entrée où l’on portait des bougies allumées.

Ladite célébration était la clôture d’une assemblée plénière mixte d’une semaine, organisée par l’ASUMA-USUMA au niveau de la RDC, portant le thème «Vivre le martyre au quotidien dans la vie consacrée à la suite du Christ, à l’exemple de la bienheureuse Anuarite», et à la fin de laquelle on a élu de nouveaux dirigeants de l’ASUMA et de l’USUMA.  Dans son discours de clôture, le nouveau président de l’ASUMA, le P. J.-Bertin Nadonye, ofmcap, a remercié entre autres le président et la présidente sortants de l’ASUMA-l’USUMA d’avoir rendu un bon service aux deux institutions.

Toutefois, à une occasion si gracieuse que cette fête, une atmosphère morose, chagrine, n’a pas manquée. Cela à cause de la mention du meurtre d’une religieuse, la sœur Liliane, d’heureuse mémoire. La sœur a été assassinée à l’arme blanche par un individu non identifié à Kananga, chef-lieu du Kasaï Occidental, dans le centre sud du pays, comme l’indique la Commission diocésaine Justice et Paix de Kananga. Notre victime, de la congrégation des sœurs de la Charité et de Marie, travaillait dans un lycée de la ville. Au moment des élections du 28 novembre dernier, l’archevêque de Kananga, Mgr Marcel Madila Basanguka, avait déjà dénoncé les agressions et les insultes lancées à l’encontre de religieuses, à la suite d’accusations infondées sur la présumée implication d’une sœur et directrice d’école dans une tentative de fraudes électorales. En la qualifiant de témoin de justice, de paix et de réconciliation, on a prié pour elle durant la messe, ainsi qu’adressé un message de condoléances à ses deux famille, biologique et religieuse, lors du discours de clôture.

« Puisse notre Seigneur Jésus-Christ combler tous les consacrés et toutes les consacrées de toute grâce dont ils ont besoin pour s’identifier avec lui. Amen ! »



John Kioko Mwana’a Mwania, IMC.

REPENSER LA MISSION DU CHRIST AUJOURD’HUI : UNE RELECTURE DE «CHARISME ET CULTURE»

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« Réflexion théologique »
Cette réflexion théologique s’inspire de trois documents : les Xe et XIe Chapitres Généraux(IMC), et la Magna Carta pour la biennale de l’interculturalité(IMC), qui encouragent un approfondissement continuel de notre charisme, ainsi que son inculturation, afin de mieux vivre l’interculturalité.
Parler de « charisme et culture» suscite au moins deux problèmes majeurs. La relation entre la culture et le charisme, c’est-à-dire « l’inculturation du charisme et la ‘‘charismatisation’’ des cultures » d’une part, et d’autre part, la relation entre différentes cultures, c’est-à-dire « l’interculturalité ». Avant de traiter ces deux problèmes, nous allons d’abord voir ce que c’est une culture ainsi qu’un charisme.
La culture, qu’est-ce ?
Aujourd’hui, comme le constate Jean Paré, le concept le plus populaire pour exprimer la diversité humaine est celui de « culture ». L’anthropologie, étant ‘‘la science des cultures’’, a fait la promotion de ce concept pour spécifier ce qui est ‘‘culturel’’ en apposition au ‘‘naturel’’ : « la culture, c’est tout ce qui n’est pas inné et héréditaire dans les groupes humains, toutes ces caractéristiques qui ne sont pas transmises par l’hérédité humaine mais acquises par l’influence de la famille et de pairs, du milieu et de l’éducation » (Défis à la mission du troisième millénaire).
Le charisme, qu’est-ce ?
Comme le remarque Élie Muakasa, certains Instituts de Vie Consacrée(IVC) ou de Vie Apostolique(IVA) semblent tentés de s’identifier à leurs œuvres traditionnelles ; leur raison d’être apparaît comme liée aux tâches de l’éducation, aux œuvres d’assistance charitable, à divers travaux dans les paroisses et aux missions. Or, lorsque ces missions ou services perdent leur actualité, du coup, les valeurs qui constituent comme leur raison d’être entre aussi en crise, ainsi que les membres de ces instituts (Cf. Ses pas sur nos chemins). C’est pour cela qu’il faut bien saisir ce qu’est le charisme d’un institut.
Tous les charismes des IVC et IVC sont d’abord les charismes personnels que les fondateurs ou fondatrices transmettent à leurs disciples. Ces charismes personnels ont comme origine l’expérience fondatrice, c’est-à-dire une expérience personnelle de Dieu que ces fondateurs et fondatrices ont faite ; une expérience spirituelle profonde et mystique de l’union avec Dieu, où Celui-ci se fait saisir comme l’Absolu, référence ultime de notre être tout entier : une totalité qui comble l’affectivité en relation avec Dieu. On arrive alors à percevoir une certitude ineffable : « Dieu est tout pour moi »(Ibid). Pendant cette expérience, la personne conçoit ou contemple une image personnelle de Dieu : « qui est le Seigneur pour moi ? » Cette personne donne alors à Dieu ou à Jésus un nom qui convient à cette image. C’est cela qu’on appelle le charisme ou le don de l’Esprit de cette personne. Lorsque les fondateurs et fondatrices fondent des instituts, ils transmettent ce charisme personnelle à leurs disciples. Il devient alors le charisme du fondateur. Le charisme du Fondateur est alors une inspiration, une intuition originaire provenant de l'Esprit. Elle permet au fondateur de percevoir un aspect du Seigneur de plus près, de voir de manière plus évidente un "trait" de son visage, qui répond souvent à un besoin ecclésial d'une époque (http://www.missionerh.it/Francese ). Il faut bien distinguer le charisme du fondateur ou de la fondatrice, le charisme de fondation, et le charisme de l’institut. Par le charisme du fondateur, on entend le contenu de l'expérience qui, née d'une inspiration surnaturelle, lui sert de guide dans la compréhension existentielle du mystère du Christ et de son Évangile. Le charisme de fondation est toujours lié au moment des origines. C’est un don (charisme) accordé par l’Esprit Saint à quelqu’un, fondateur ou non, pour qu’il puisse jouer un rôle déterminant à la naissance et au développement pendant les premières heures d’une famille religieuse pour donner une physionomie concrète à ses œuvres. Par le charisme de l'Institut, on entend le cheminement historique et les différentes modalités d'adaptation du charisme du fondateur, une réfraction collective du charisme du fondateur qui entre en relation avec la vie et avec les charismes des personnes appelées par l'Esprit à perpétuer dans le temps, d'une façon dynamique, toute la potentialité de l'inspiration initiale, et à montrer partout ses expressions historiques possibles. Il y a donc, d'une part l'expérience spirituelle d'une personne charismatique, c'est-à-dire sa rencontre décisive avec le Christ, et d'autre part l'expression dynamique de son esprit dans le temps et l'espace (http://www.ayaas.net/vr/iza22.htm).
À titre exemplaire, le Fondateur des Missionnaires de la Consolata, le Bien heureux Joseph Allamano eut cette expérience fondatrice lorsqu’il fut Recteur du Sanctuaire de Notre Dame de la Consolata à Turin. Il a contemplé une image personnelle de Dieu en donnant alors à Celui-ci un nom qui convient à cette image qu’il a contemplée: un Dieu Consolateur. Dieu a consolé le monde avec son Fils Jésus-Christ. Donc, Jésus-Christ est la Vraie Consolation. La Sainte Vierge Marie, sous le titre de Notre Dame de la Consolata, est la première à être consolée, en concevant dans ses entrailles le Christ (la Vraie Consolation), et elle a ensuite participé dans cette mission de Dieu de donner Jésus (la Vraie Consolation) au monde. D’abord consolée, Marie pouvait alors participer dans la consolation du monde.
C’est pour cela que nos constitutions considèrent que la première caractéristique des Missionnaires de la Consolata est de « se sentir participants de la mission maternelle de Marie de porter au monde la vraie Consolation, le Christ sauveur, et avec elle nous annonçons la gloire de Dieu aux peuples. Nous prenons et présentons Marie comme modèle de vertu, et nous avons pour elle un amour filial et authentique » (Constitutions IMC, (1982), art. 11). C’est cette expérience personnelle de Dieu comme Consolateur ou de Jésus comme Consolation qui a poussé notre Fondateur Bienheureux Joseph Allamano à fonder les deux instituts pour partager cette Consolation d’abord avec ses disciples (les Missionnaires de la Consolata), et ensuite avec le monde entier. C’est ce charisme personnel (de Dieu comme Consolateur, ou de Jésus comme la Vraie Consolation) qu’a passé notre fondateur à ses disciples, les Missionnaires de la Consolata.
En synthétisant les articles 4 et 5 des Constitutions de l’IMC sur l’identité et la fin de l’Institut, le Père Francesco Pavese exprime ainsi le contenu de notre charisme: « ‘‘mission ad gentes dans la sainteté de vie’’, vécu et réalisé selon l’esprit et les caractéristiques indiquées par Allamano » (Enculturation of the charisma in Interculturality). Mais quant à nous, d’une manière plus profonde, et par rapport à l’expérience fondatrice faite par notre Fondateur (image d’un Dieu Consolateur), le mot « consolation » conviendrait mieux, et résumerait tout : « consolation de ses membres (sainteté de vie) et consolation du monde entier (mission ad gentes) : la consolation. Voilà le fond du charisme des Missionnaires de la Consolata. Voilà ce qui nous caractérise, et qui nous identifie, voire nous distingue des autres Instituts qui s’engagent dans la même mission ad gentes. Voilà l’élément ou la substance qui traverse et subsiste tous les trois moments du charisme (le charisme du fondateur, le charisme de fondation et le charisme de l’Institut), et qui subsiste même pendant et après l’inculturation du charisme. S’il est exigé aux Missionnaires de la Consolata de retenir le nom « Consolata » partout dans le monde, la raison de cette exigence devrait être celle-là. Peut-être le Père Salvador Medina voulait-il souligner cela lorsqu’il qualifie la « Consolata » comme notre identité (Interculturality and charisma, in Interculturality). Dans cette façon, nous croyons avoir répondu à la question de Jean Paré : « Quelle sera cette identité fondamentale qui fera de nous toutes et tous des Missionnaires de la Consolata? » (Tentative d’approche critique du charisme des Missionnaires de la Consolata, sur http://www.consolata.org). En entrant plus profondément encore, nous pouvons voir que même dans cette formulation « consolation de ses membres (sainteté de vie) et consolation du monde entier (mission ad gentes) », le seul aspect qui subsisterait et resterait comme tel c’est la consolation des membres (la sainteté de vie), l’union avec Dieu, qu’est le fondement de la vie consacrée. L’autre aspect, « la mission ad gentes (la manière de consoler le monde) » peut changer selon les exigences de la mission pendant différentes époques.
Toutefois, avec toute humilité voire en reconnaissant notre ignorance en cette matière, nous faisons l’observation et exprimons le souci que voici : En lisant très attentivement les articles qui soulignent l’identité et la fin de notre charisme (art. 4-9), ainsi que les œuvres des experts sur le fondateur et le charisme (Père Gottardo Pasqualetti : « The seed of the Charisma » et Père Francesco Pavese : « Enculturation of the Charisma : Convictions and Attitudes », in « Interculturality », il nous semble que l’on y souligne plus l’aspect missionnaire que celui de sainteté de vie, le faire plus que l’être. Or, la logique pédagogique d’Allamano nous montre clairement qu’il était au courant du but primaire de la vie religieuse, pas la mission, mais d’abord « l’union intime avec Dieu ». Cela se montre très clairement lorsqu’il dit : « la première finalité de l’Institut est la sanctification de ses membres, celui qui vient ici, il vient pour faire sienne cette finalité » (Voici mon esprit). D’où son expression fameuse: « D’abord saints, ensuite missionnaires…il ne faut pas chanter les termes : d’abord notre sanctification, ensuite la conversion des autres…que chacun pense à l’obligation qu’il a prise en entrant dans l’Institut ; qu’il pense à la voix de Dieu qui l’a appelle à être saint... Bref, évangéliser par la sainteté de sa vie » (Ibid.). Ces expressions nous montrent nettement la pédagogie du Fondateur : la primauté de la sainteté sur la mission, de l’être sur le faire, la primauté de la consolation de ses disciples (devenir saint, l’intimité avec Dieu le Consolateur, être consolé) sur la consolation du monde (la mission ad gentes). Ce qui prime chez Allamano ce n’est pas la mission ad gentes (la consolation du monde, une réalité toujours en mutation, en devenir et en interprétations nouvelles), mais la sainteté de vie des Missionnaires de la Consolata (consolation des membres), l’union avec Dieu, l’élément le plus fondamental de la vie consacrée. Le but premier d’entrer chez les Missionnaires de la Consolata c’est d’entrer en union avec un Dieu-Consolateur, pour être consolés. On passerait alors à côté du charisme si l’on insiste trop sur la mission ad gentes en oubliant ou en négligeant l’union avec Dieu, qui est le fondement de la vie religieuse. D’où l’urgence de revoir la formulation du cinquième article des Constitutions de l’IMC : « la fin qui nous caractérise dans l’Église est l’évangélisation des peuples; elle est réalisée pour la gloire de Dieu et par la sainteté de vie» (Constitutions IMC(1982), art. 5). La sainteté n’est pas visée ici comme fin, mais comme un moyen de faire la mission. Or, on devrait insister sur la primauté de la sainteté de vie sur la mission, et non pas le contraire. Lorsqu’on souligne plus l’aspect de faire que celui de l’être, cela conduirait facilement à une des difficultés soulevées par le Père Stefano Camerlengo : une atmosphère basée sur ceux qui ont le moyen de « faire la mission », et donc ceux qui décident tout, et ceux qui n’en ont pas, et donc ceux qui n’ont pas de voix. Donc l’authenticité d’un missionnaire de la Consolata devrait être jugée non à partir de sa mission, mais à partir de sa sainteté.
Ayant clarifié chacun de ces termes, voyons de près leur liaison. Mais avant tout cela, soulignons d’emblée la difficulté qui se trouve entre ces deux concepts : inculturation et interculturalité. Il y a des auteurs qui soutiennent qu’aujourd’hui il faut adopter l’interculturalité au lieu de l’inculturation, car quant à eux, le christianisme est une culture. Donc d’après eux, l’inculturation serait l’intercommunication entre la culture chrétienne et les autres cultures. L’inculturation devient un type d’interculturalité (Joseph Ratzinger, Christian Faith and Challenge, cité par Stephen Okello, The Mind behind modernity in Interculturality). Le défaut de ces penseurs c’est qu’ils comprennent l’inculturation comme une transplantation. Ils oublient que lorsqu’on parle de l’inculturation, il s’agit d’une rencontre entre l’Évangile (Jésus-Christ Lui-même) et les cultures. Or, Jésus-Christ Lui-même ne s’est identifié à aucune culture. De ce fait, il faut faire une distinction entre l’inculturation et l’interculturalité, mais tout en les fondant dans l’Évènement Jésus-Christ. Voyons de près comment s’y prendre.
Inculturation du charisme et ‘‘charismatisation’’ des cultures
L’expression ‘‘inculturation du charisme’’ a parcouru un chemin parallèle au concept ‘‘inculturation de la foi’’. Tandis que dans l’Église primitive l’inculturation de la foi avait connu une grande vivacité, avec le passage des siècles, la formulation de la foi était monopolisée par les grandes cultures et perdait de la force. Seulement dans les plus récentes décades, quand la conception de l’inculturation de la foi a pris consistance dans l’Église, même l’inculturation du charisme a commencé à attirer l’intérêt de la part des Religieux et religieuses (La Carta Magna, 80). Ainsi, comme nous parlons de l’«inculturation de l’Évangile et l’évangélisation de la culture »( Africae Munus, 36-37), « ‘‘une intime transformation des authentiques valeurs culturelles par leur intégration dans le christianisme’’ d’une part, et de l’autre, « l’enracinement du christianisme dans les diverses cultures »(Ecclesia in Africa, 59 ; Slavorum Apostoli, 21 ; Redemptoris Missio, 52), l’inculturation du charisme procédera pareillement : d’une part, une transformation des authentiques valeurs culturelles par leur intégration dans le charisme de l’institut(‘‘charismatisation’’ des cultures) et, d’autre part, l’enracinement du charisme dans les diverses cultures (inculturation du charisme).
Comme le constate le Père Anthony Bellagamba, les missionnaires ont implanté dans tous les pays du monde le modèle occidental de l’Église, une Église qui s’est institutionnalisée dans la culture occidentale. Cette situation est la source de multiples tensions entre le centre romain et la périphérie des Églises locales (Globalizzazione e universalità della Chiesa). Mais au fond, pourquoi cette implantation de l’Église et de la culture occidentales dans le monde ? Pour répondre à cette question, prenons le cas d’Afrique. C’est à cause d’une mentalité qui a commencé en Occident au XVIIIe siècle, avec les débats menés par les philosophes théistes (Voltaire, Rousseau, Hume et Hegel) sur la religion naturelle et l’origine de l’idée de Dieu. Nous trouvons ici leurs idées sur l’être humain africain et de son idée de Dieu. Quant à Voltaire et à Rousseau, les Primitifs ou les Sauvages (les Indo-Européens, les Indiens d’Amérique et les Africains) ne sont pas capables d’atteindre l’idée de Dieu, car cela ce n’est que l’affaire des philosophes éclairés, et d’ailleurs, ils n’en ont pas besoin. Car l’idée de Dieu est censée réguler l’agir moral de l’être humain moderne. Or le Sauvage, plus près de la nature non corrompue, n’en a pas besoin. Il est moralement bon. Hume accorde aux africains l’accès à l’idée de Dieu, mais leurs religions ne dépassent pas le niveau du polythéisme idolâtre, une étape encore grossière de l’évolution de l’idée de Dieu vers l’idée de l’Être suprême. La table rase hégélienne nie l’humanité à l’Africain, met en question son Dieu et laisse l’Afrique hors de l’Histoire (Bede Ukwuije, Trinité et inculturation). C’est sur cette influence des Lumières que les anthropologues, issus de l’évolutionnisme unitaire (Herbert Spencer, Edward Tylor et Lucien Lévy-Bruhl), situent les religions africaines plutôt aux stades inférieurs de l’évolution des religions et les relativistes (Leo Frobenius et Wilhelm Schmidt), en accordant aux religions africaines l’idée du monothéisme pur, les considèrent plutôt comme les stades supérieurs de cette même chaîne d’évolution. Par exemple, l’un d’eux, Wilhelm Schmidt, contrairement aux théories évolutionnistes linéaires et à la philosophie des Lumières, affirme que le culte de l’Être suprême existe chez les Indo-Européens, les Indiens d’Amérique et les Pygmées d’Afrique. Nous somme ici au commencement de l’apologétique du monothéisme primitif (Ibid.).
C’est cette apologétique du monothéisme primitif, commencée en Occident, qui a marqué la théologie africaine de l’inculturation jusqu’à nos jours. À l’instar de ces relativistes, les théologiens africains ont adopté une approche théologie apologétique pour affirmer qu’ils étaient des êtres humains au même titre que les Européens, parce que croyant en un Être suprême. Cette théologie apologétique a empêché une saine inculturation de la foi en Afrique. Il en va de même pour les charismes de la vie religieuse. Dans les missions, le charisme d’un Institut continuait à s’exprimer exactement comme cela se passait dans la mère patrie(Europe) (La Carta Magna, 80). Comme le fait remarquer le Père Piero Trabucco, avec l’indépendance des pays africains, l’enseignement du Vatican II ainsi que la diminution des vocations religieuses en Occident, les instituts une fois dominés cent pourcent par les Européens, commencent à avoir des communautés interculturelles et internationales (Interculturality in the life of the institute and of our communities, in Interculturality). Les missionnaires de ces instituts connaissant les mêmes préjugés que les Africains n’étaient pas des êtres humains. D’abord, on doutait si l’on pouvait les baptiser, et aussi si on pouvait les former pour enfin de devenir des missionnaires aussi. Cela a pris du temps. Et même les premiers Africains qui ont été formés missionnaires ont connu beaucoup de difficultés. Car la mentalité de ces missionnaires était d’imposer leur culture ainsi que le charisme sans l’inculturer dans les milieux locaux. C’était alors normal que les Missionnaires africains réagissent contre cela. Cette démarche apologétique a empêché une saine inculturation du charisme dans les cultures locales.
C’est pour cela que dans cette réflexion nous proposons une démarche non apologétique de l’inculturation du charisme. C’est-à-dire, comme dans la théologie non apologétique on pense Dieu et l’être humain à partir de l’Événement Jésus-Christ, dans l’inculturation du charisme, le point de départ ce n’est pas telle ou telle culture, mais le charisme, qui est un don de l’Esprit-Saint, donc divin et qui se fonde sur l’Évènement Jésus-Christ. « Le charisme ne manifeste aucune préférence culturelle parce qu’il désire rejoindre toutes les cultures » (La Carta Magna, 83). Dans ce cas, étant un don de l’Esprit, et d’inspiration évangélique, donc d’origine divine, il relativise, purifie, transforme et divinise ou « charismatise » les cultures. Pour le cas des Missionnaires de la Consolata qui contemplent une image du Dieu Consolateur, le processus d’inculturation du charisme consistera à promouvoir dans les cultures tout ce qui est consolation, tout en relativisant toutes les autres pratiques qui y sont contrent. Cette démarche non apologétique de l’inculturation du charisme peut résoudre beaucoup de problèmes qu’on peut rencontrer surtout lorsqu’on subit des complexes de supériorité ou d’infériorité culturelle, en identifiant le charisme à une culture dominante. Mais pour que cette inculturation du charisme soit possible, il faut distinguer ce qui est essentiel ou fondamental de ce qui est accidentel ou fonctionnel dans le charisme. Car on n’inculture pas ce qui est essentiel ou fondamental mais ce qui est accidentel ou fonctionnel. C’est cela que le Père Francesco Pavese veut souligner lorsqu’il dit : « Lorsqu’on parle de ‘‘l’inculturation du charisme’’, cela ne veut pas dire l’inculturation du don surnaturel en lui-même, mais l’effet de vie et d’apostolat qu’il a fait naître à travers les siècles » (Enculturation of the charisma). Autrement dit, on n’inculture pas le charisme du fondateur, mais le charisme de l’institut. Cette distinction est très pertinente, car elle aide l’Institut à surmonter des crises d’identité à travers les siècles. Étant un don divin, le charisme est éternel, elle ne meurt pas, mais les Instituts peuvent mourir faute d’identification de leur charisme, ou lorsqu’ils confondent ce charisme aux missions ou aux services d’apostolat qui en naissent.
Dans le charisme des Missionnaires de la Consolata, la consolation est l’aspect essentiel et fondamental. La consolation, l’image de Dieu qu’a contemplée Joseph Allamano, le visage de Dieu que les Missionnaires de la Consolata portent aujourd’hui dans le monde restera, résistera et les marquera au travers les siècles. Mais le style de la mission ou de l’apostolat peut changer selon les besoins de chaque temps. Il peut arriver à un moment dans l’histoire qu’on n’ait plus besoin de la première évangélisation (mission ad gentes), mais les membres de l’Institut ainsi que le monde auront toujours besoin de Jésus, la Vraie Consolation. Ainsi, la consolation restera toujours, mais le contexte de la mission peut changer, on peut consoler le monde autrement, que par la première évangélisation. On peut avoir une nouvelle lecture de la mission ad gentes. Car « ad gentes » est un concept en mutation, en devenir. Jean Paré nous en inspire un tel exemple : « les Trinitaires, au départ, voulaient libérer les prisonniers faits par les Sarrasins, mais maintenant, ils se sont ‘recyclés’ dans le ministère auprès des personnes en prison » (Tentative d’approche critique…), une nouvelle compréhension du même charisme. Examinons ce qu’en est l’interculturalité.
Interculturalité
L’interculturalité est la synthèse d’effectifs processus d’interaction culturelle. C’est un processus composé de différentes étapes, un projet qui met au centre la rencontre entre différentes personnes, dans le but d’interagir. Il suppose des attitudes fondamentales, comme le respect, la confiance réciproque et l’ouverture à la diversité, et il vise non pas tant l’intégration des diversités que la construction d’une société nouvelle, basée sur l’acceptation des diversités. De cette manière, le système acquiert et conserve l’unité structurelle et fonctionnelle, tout en gardant la différentiation des éléments. Ce projet se fonde sur le préalable libre consensus que les personnes sociales se donnent (La Carta Magna, 9). Le dialogue est l’instrument par excellence, pour démarrer ce processus. Il est échange de mémoire, qui accepte de traduire graduellement les éléments d’une culture inconnue dans un langage culturel connu. Il se base sur la rencontre de l’autre altérité et il a du respect pour chaque personne (La Carta Magna, 10). Le terme « interculturation » y conviendrait mieux.
Toutefois, même si on se base sur la rencontre de l’autre altérité et le respect pour chaque personne, lorsque deux personnes ou deux cultures se rencontrent, il y a tendance tout à fait à défendre sa culture, une sorte d’apologétique. On a tendance à se baser sur quelque chose, à avoir un point de départ ou de référence. Le point de départ tout à fait naturel c’est sa culture, ce qui, quelquefois inconsciemment, conduirait à l’apologétique, car appartenant à un patrimoine culturel, on ne peut pas être neutre.
C’est pour cela qu’il faut d’abord identifier la raison de cette rencontre de deux personnes ou cultures, afin d’en connaître le point de départ. Pour les chrétiens ou les missionnaires, la raison de cette rencontre c’est la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, Celui qui ne s’est identifié à aucune culture, mais qui a relativisé toutes les cultures en les purifiant, les brisant et les transformant. Donc, pour éviter la démarche apologétique (défendre sa culture), la rencontre de deux personnes ou cultures aura comme point de départ l’Évènement-Jésus. C’est bien cela que le Père Guiseppe Frizzi veut souligner lorsqu’il propose de ne pas partir des analyses anthropologiques et psychologiques afin de les appliquer à la mission et aux missionnaires, comme l’ont fait beaucoup d’auteurs, mais de partir de la théologie de l’inculturation pour arriver aux contextes anthropologiques et psychologiques : un passage de l’interculturalité anthropocentrique à l’interculturalité théocentrique (Faith and interculturality, in Interculturality). Il s’agit d’une démarche non apologétique. Pour les Missionnaires de la Consolata, la raison de cette rencontre c’est que Dieu, par l’Évènement Jésus-Christ, s’est montré comme Consolateur, en donnant son Fils (la Vraie Consolation) sur la Croix par son Amour (l’Esprit Saint) pour le monde. C’est cette Amour (l’Esprit Saint) entre le Père et le Fils qui unit les deux personnes ou cultures qui se rencontrent et qui sont sous discernement, pour ne pas rester fixées ou enfermées sur elles-mêmes, mais pour se laisser défiées par l’Évènement Jésus-Christ.
Pour conclure, on peut retenir que pour bien inculturer le charisme ainsi que vivre bien une vie interculturelle, il faut d’abord bien saisir le noyau du charisme de l’Institut. Dans ce sens, après avoir identifié le noyau du charisme des Missionnaires de la Consolata, la qu’est la consolation, on procédera à l’inculturer, sans peur d’en perdre l’identité. Comme le faire remarquer le Père Piero Trabucco, le charisme inculturé sera, dans différents milieux culturels, comme une constellation, dont le noyau c’est la consolation (l’interculturalityin the life of the Institut).Toutefois, comme le fait remarquer le Père Francesco Pavese, l’inculturation ne devrait être ni forcée, ni imposée ni programmée, mais un processus spontané, cela, si les membres d’un Institut étaient cohérents, ouverts et non enfermés dans les expressions du passé (Enculturation of the charisma). En finition, nous faisons les nôtres ces paroles de Jean Paré : « Je suis convaincu qu’à l’intérieur de l’IMC, la principale source du pluralisme sera désormais notre interculturalité et le processus d’inculturation du charisme » (Tentative d’approche critique du charisme).

John Kioko Mwana’a Mwania, IMC