« De sa nature, l’Eglise durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père » (Ad Gentes, °2). Cela veut dire que l’Eglise est au service de la Bonne Nouvelle. Sa mission est celle d’annoncer pas elle-même, mais l’Evangile du Christ.
Parlant de la mission de l’Eglise aujourd’hui, il y a des paradigmes dont on ne peut pas se passer. Notamment l’Inculturation, l’Interculturalité ou la multiculturalité, l’Œcuménisme et le Dialogue Interreligieux. On entend par l’inculturation une relation dynamique entre l’Eglise locale et la culture de son peuple. L’Evangile rencontre et intègre une culture quelconque en vue de faciliter la compréhension de celui-là, c’est-à-dire afin de promouvoir une meilleure compréhension de l’Evangile (Parole de Dieu en langages humains, Dei Verbum °12) dans la culture du milieu et du peuple. En fait, la culture est un lieu privilégié d’interprétation des données théologiques. Ce faisant, on apporte une certaine nouveauté, une richesse ou bien une beauté à l’humanité. Cette nouveauté est la Parole du Christ Incarné. Cette inculturation devrait couvrir l’événement Jésus-Christ : Incarnation, Ministère Publique, Passion, Mort, Résurrection, Renvoie des Apôtres et Ascension. Cela parce que cet événement couvre toutes les situations humaines.
Ce n’est qu’après avoir compris l’Evangile dans sa culture qu’on peut aisément pratiquer l’Interculturalité. Ce paradigme missionnaire (l’Interculturalité) se base sur l’idée qu’il n’y a pas de culture qui soit la meilleure. Il s’agit ici de reconnaître et respecter d’autres cultures. Toutes les cultures s’enrichissent et se complètent. Les missionnaires reconnaîtront alors dans les cultures des peuples quelque chose de bon, de neuf, de valeur. Car, avant qu’ils n’y arrivent, Jésus-Christ, la Lumière du monde, Celui qui était là, auprès de son Père lors de la création de l’univers (Gn. 1,26), avait illuminé ces gens d’une manière implicite.
Au sujet de l’Œcuménisme, les Catholiques se reconnaissent comme des frères et sœurs avec les chrétiens d’autres églises protestantes. Malgré leurs différences au niveau doctrinal, organisationnel ainsi que disciplinaire, les chrétiens sont unis par le baptême, la Foi en Dieu le Père tout puisant et dans le Christ, Fils du Dieu Sauveur (Lumen Gentium, °15). C’est cette unité qui a été voulue par le Christ. Une unité ayant comme but pas tellement « le retour à l’Eglise Catholique», mais « un échange de dons » (Pape Jean Paul II).
Concernant le Dialogue Interreligieux, les chrétiens se rencontrent avec des frères et des sœurs d’autres religions en vue d’améliorer leur unité ainsi que leur compréhension mutuelle. Cela car l’Eglise respecter ceux qui vont à Dieu par d’autres voies (Jean-Paul II, Cameroun 1985, cité par D. Nteka, Comment Dialoguer, p.20).
Le dessein de salut englobe toute la création : Les Chrétiens ; ceux qui reconnaissent le Créateur et Dieu unique (les Juifs et les Musulmans) ; les autres religions(les Hindous, les Bouddhistes, les Religions Traditionnelles, et nous en passons. En effet, ceux qui sans faute de leur part, ignorent l’Evangile du Christ et son Eglise et cependant cherchent Dieu d’un cœur sincère (…) sous l’influence de la grâce peuvent obtenir le salut éternel (L.G.- 16).
Le fondement missionnaire de l’Eglise se trouve en Matt. 28, 19 : « Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Sainte Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit… ». Alors, si on lui posait cette question : Jésus, pourquoi as-tu envoyé tes apôtres ainsi? La réponse de Jésus serait : Parce que Je suis la Lumière du monde (Jn. 8, 12). Jésus est la Lumière du monde, il veut illuminer le monde. Ceci devrait être la reponse de tout(e) missionnaire à quiconque lui demanderait pourquoi il annonçait l’Evangile.
Chemin faisant, les missionnaires peuvent souvent risquer de remplacer Jésus-Christ, Lumen Gentium, par eux-mêmes ou par leurs cultures. Etant la lumière du monde, Jésus est au-dessus de tout, et sa place doit être gardée. C’est lui qui illumine le cœur de tout homme, toute culture, toute religion, toute créature. Jésus a confié à l’Eglise la tâche de proclamer la Bonne Nouvelle. Cette tâche est très capitale, voire incontournable, car c’est cela la nature-même de l’Eglise. De même que l’Eglise ne doit donc obliger à personne de devenir chrétien ou catholique, de même ne doit-elle empêcher personne de le devenir. Le dialogue interreligieux n’est pas un effort pour persuader les autres à adopter sa religion, même s’il n’est pas question de nier à quelque croyant que ce soit le droit de vouloir faire partager sa religion à d’autres(J. Dupuis, La Rencontre du Christianisme et des autres Religions, p.20). C’est pour cela qu’en faisant la mission qui lui a été confiée par le Christ dans toutes les réalités missionnaires, voire lors du Dialogue interreligieux, l’Eglise, lorsqu’elle rencontre des âmes (soient des protestants, les musulmans, les bouddhistes, les Hindous, d’autres religions traditionnelles, et nous en passons), ayant la volonté de devenir des catholiques, elle doit non seulement les accepter volontiers, mais aussi les encourager. Car tel est le but de la mission de Jésus confiée à son Eglise. A vrai dire, tous les hommes sont appelés à cette union avec le Christ, qui est la Lumière du monde, de qui nous venons, par qui nous vivons, vers qui nous tendons (L.G. °3).
Ce faisant, l’on peut souvent confondre le Christ avec l’Eglise Catholique. Hors Jésus, il n’y a pas de salut. Cela n’est pas tout à fait vrai avec l’Eglise Catholique. L’Eglise du Christ subsiste dans l’Eglise Catholique (L.G. °8). C’est-à-dire l’Eglise de Jésus-Christ comme sujet concret en ce monde peut être reconnue dans l’Eglise Catholique. Or, le Christ Lui-même, étant la Lumière du monde, illumine tout l’univers. Sa puissance n’est pas limitée dans l’Eglise Catholique, voire dans ses moyens de sauver l’homme non plus. C’est pour cela qu’on peut oser dire que « les religions des nations ne sont pas dépourvues de toute valeur, mais qu’elles trouvent en Jésus la réalisation de leurs aspirations » (J. Dupuis, Ibidem, p.63). Cela ne diminue d’aucune façon la mission de l’Eglise Catholique, mais veut écarter la confusion entre Jésus-Christ et celle-ci. D’ailleurs, c’est par la seule Eglise Catholique du Christ, laquelle est « moyen général de salut » que peut s’obtenir toute la plénitude des moyens de salut (Unitatis Redintegratio, °3). Jésus illumine l’Eglise dont il est la tête, mais par son amour sans fin et sa puissance, ses rayons de salut peuvent aller au-delà même de l’Eglise Catholique, pour atteindre tout homme créé à l’image de Dieu (Gn. 1, 27). Cela reste un mystère du salut. C’est pour cela qu’on trouve dans des cultures non-évangélisées, dans différentes religions ainsi que dans différents systèmes philosophiques quelque chose de vrai et d’appréciation. Jésus est pour toute la création ce que le soleil est pour les planètes. Sa vérité peut pénétrer toute créature, mais l’Eglise est le moyen privilégié à travers lequel et avec la collaboration duquel le Christ veut sauver le monde.
Ayant dit cela, les missionnaires devraient-ils prendre en compte ces différentes réalités qui marquent la mission aujourd’hui. Cela les aiderait à saisir la logique de la mission dont l’Esprit-Saint est le guide. La compréhension de cette logique entraine aussi l’humilité missionnaire. De même, faut-il dire que la mission dont il est question là-dessus n’appartient à aucun missionnaire. Les missionnaires n’en sont que des instruments. Dans le même ordre d’idées, l’Evangile qu’ils proclament n’est pas le leur, mais celui de Jésus-Christ. Ils n’en sont que des collaborateurs. C’est dans cet esprit d’humilité qu’il faut comprendre la mission qu’a confiée Jésus à son Eglise, afin de maintenir l’objectivité de celle-là.
Au terme, moyennant cette humilité missionnaire, c’est-à-dire ne se connaître que de pauvres instruments au service de l’Evangile, on pourra atteindre la prolepse du Maître des missions : « Mais vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac. 1,8).
« Que Dieu bénisse sa mission, ses missionnaires et qu’il les remplisse de son Esprit Saint et son amour ».
<<<Cet article est aussi publié dans le Site des Missionnaires de la Consolata: http://www.consolata.org/>>>
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